Quel que soit le lieu où les patients se présentent en Loir-et-Cher avec un problème urologique, à Blois, Vendôme ou Romorantin, à l’hôpital ou à la clinique, une seule équipe sera alertée. Celle de la polyclinique de Blois, qui regroupe cinq médecins urologues et qui assure la permanence des soins la nuit et les week-ends, à la demande de l’agence régionale de santé.
Que recouvre l’urologie? Elle soigne les calculs, incontinences, descentes d’organes, infections urinaires, prolapsus et cancers notamment. Les urologues s’occupent des reins et des systèmes urinaires. «La demande est en augmentation constante avec le vieillissement de la population, mais aussi les besoins en gynécologie qui sont plus forts. Nous avons beaucoup d’activités d’urgence», souligne le Dr Arnaud Desgrippes.
On peut donc légitimement se demander pourquoi ce service ne se trouve pas à l’hôpital public. «Ces dernières années, les hôpitaux de Blois et Romorantin n’ont pas réussi à conserver de stabilité en urologie, explique le Dr Desgrippes. C’est très difficile de trouver de nouveaux urologues. Pour les attirer, il faut un plateau technique à la hauteur et la polyclinique a fait le choix d’acheter un robot chirurgical.» Avec ce pari, la polyclinique est passée de 2-3 urologues à 4, puis 5 il y a 18 mois. «Je travaillais à l’hôpital mais je me suis retrouvée seule, explique le Dr Mélanie Fouquet. Ce n’est pas bon ni pour le médecin ni pour le patient. Ici on est une équipe, cela fait la force de nos prises en charge.»
«Nous assumons tout, y compris la chirurgie lourde»
L’équipe était elle aussi heureuse de récupérer une femme dans ses rangs, car elles se font rares dans cette spécialité. «À cinq, on s’en sort, même si l’activité fait que l’on pourrait encore être un de plus. On peut assurer correctement notre mission de service public. Nous sommes appelés pour un avis de tout le département, nous sommes le centre référent, y compris pour le CHB. Nous nous relayons en consultation dans les maisons médicales de Noyers, Montrichard, Romorantin, Saint-Amand-Longpré et dans le Vendômois, sur orientation des médecins. Cela permet d’éviter aux patients d’aller consulter à Tours ou Orléans.»
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Les médecins sont unanimes: il n’y a que les praticiens qui se regroupent qui vont pouvoir survivre. Et surtout tenir. En urologie, on opère beaucoup. Une à deux plages sont chaque jour dédiées à l’urologie au bloc opératoire de la polyclinique. «C’est devenu la première spécialité de la polyclinique, nous avons multiplié par deux, presque trois le nombre d’opérations en dix ans», souligne le Dr Dragos Avram. En cancérologie notamment. «Nous assumons tout, y compris la chirurgie lourde. La seule chose que nous ne faisons pas, ce sont les greffes rénales.»
Le robot devenu indispensable
L’équipe prend en charge les urgences urologiques et dans ce cadre précis, aucun dépassement d’honoraires ne peut être facturé. «C’est très encadré, nous avons signé une convention avec la CPAM, précise le Dr Fouquet. Nous suivons les mêmes règles que les médecins hospitaliers qui ont aussi une activité libérale.» Dans le cadre des urgences, le robot chirurgical est largement employé. «En 2016 et la première génération de robots, ce n’était pas rentable, rappelle le Dr Avram. La nouvelle génération que l’on a eue en 2021 est moins onéreuse et c’est un vrai bénéfice pour tous: la durée d’hospitalisation est plus courte, on soigne mieux notamment les calculs des reins et des uretères, la pathologie d’urgence. En 2016, c’était un luxe, maintenant c’est indispensable!»
Les internes en urologie sont désormais tous formés sur les robots en CHU et n’accepteraient pas de revenir en arrière. L’urologie est la spécialité qui utilise le plus le robot chirurgical. «Notre profession est très variée, nous faisons de la chirurgie ouverte, mais aussi cœlioscopies, endoscopies et fibroscopies. Et surtout nous avons réussi à rester une spécialité médico-chirurgicale, nous assumons le suivi médical et la chirurgie. Nous n’avons jamais deux journées identiques!»
chiffres clés
>La France compte 1.496 urologues, dont 5 en Loir-et-Cher. C’est l’une des spécialités les plus demandées, avec seulement une soixantaine d’internes formés par an alors que les besoins vont grandissant. L’urologie ne compte que 20% de femmes en France.
>L’urologie est la première spécialité chirurgicale de la polyclinique de Blois. Les cinq urologues ont réalisé 2.600 interventions chirurgicales l’an passé, dont 70 à l’aide du robot chirurgical.
>L’équipe fonctionne en coordination avec les CHU de Tours et d’Orléans qui prennent le relais lorsque les cas sont trop lourds ou trop complexes.
>La présence du Dr Mélanie Fouquet est importante pour les patientes atteintes d’incontinence ou de prolapsus. «Je veux rester généraliste dans ma spécialité, j’apporte un plus pour les patientes ou patients qui cherchent un médecin femme.»